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Le public commença par se ruer pour voir les pièces jusque-là
interdites, commme le Charles IX ou la Saint-Barthélemy de Marie-
joseph Chénier, les pièces qui dénonçaient les scandaleux internements
dans les couvents.
En 1793, le Comité de Salut Public resserra considérablement les
libertés du théâtre. Ne subsistaient que les spectacles autoricés, et
des représentations gratuites hebdomadaires des: «tragédies de Britus,
Guillaume Tell, Caius Graccus et autres pièces dramatiques qui
retracent les glorieux événements de la Révolution et les vertus des
défenseurs de la Liiberté».
La Révolution française ne trouva pas son dramaturge. Pendent
dix ans, les Français avaient été les propres acteurs d’un drame
national. Et c’est à l’étranger qu’étaient apparues, pendant ce temps-
là, de nouvelles formes d’écriture dramatique.
Le Romantisme
Le Romantisme se targua de trop nombreuses paternités, se
diversifia de telle façon et eut une descendance suffisamment
embrouillée pour qu’il ne soit pas légitime de se demander ce qu’il
avait vraiment, a l’origine, cherché à représenter.
Le Romantisme, en fait, naissait de la confrotation entre
Shakespeare et Corneille. On admirait chez le premier son audace, son
lyrisme, ses puissants portraits de personnages, sa liberté de
compositoin, son mélange de genres. Mais l’on souhaitait conserver du
second une certaine forme esthétique, une théâtralité somme toute
assez formelle, un sens de l’épopée et une grandeur sublime des
personnages. S’y ajoutaient à l’époque un sentimentalisme assez
exacerbé, un goût prononcé de l’extravagance des situations, et une
petite pointe de rejet pour le genre sérieux. Dans ce dessein vague
d’une nouvelle théâtralité, qui n’était pas non plus sans apparaître
comme une forme noble des mélodrames populaires, de jeunes auteurs
allaient jeter tout leur talent et toute leur fougue de modernes,
contre les anciens, gardiens du temple du Classicisme.
V. Le Romantisme au XIXe siècle
Napoléon et le théâtre
Napoléon amait le théâtre, et il aurait bien voulu lui donner
une importance digne de son règne. A sa manière, il lui accorda une
attention toute particulière. Il commença en 1806 par réduire à huit
le nombre des théâtres de Paris, et à en contrôler sévèrement le
répertoire. Il avait ses préférences, mais aussi ses haines tenaces,
et ses goûts allaient dans l’ensemble vers le théâtre de Corneille,
chez qui «les Grands Hommes sont plus vrais que dans l’histoire». Il
aimait assez bien l’opéra, n’appréciaitpas la comédie,et trouvait que
les drames étaient «des tragédies pour femmes de chambre».
Il aurait aimé que son règne fut marqué par un grand dramaturge,
s’intéressa un temps à Lemercier, puis à François Raynouard (1761-
1836), qui avait attiré les foules en 1805 avec une plate tragédie,
Les Templiers. Alas, ses efforts ne furent pas couronnés de succès.
Victor Hugo
Victor-Marie Hugo (1802-1885) était le fils d’un général de
Napoléon. Ses plus grandes oeuvres étaient déja en gestation, mais
c’est vers le théâtre qu’il se tourna en 1827 avec Cromwell. La pièce
était injouable, mais la préface fit l’effet d’une bombe; Hugo y
affirmait un renouvellement nécessaire de l’art, l’introduction du
«grotesque» et du «caractéristique», la libération de toutes les
règles sinon celles de la nature, en bref, l’exigence d’un nouveau
genre mariant le sublime, le comique, le lyrique, l’épique, le moral
et l’historique, tout en respectant la forme de l’alexandrin. «La
poèsie complète, affirmait-il, est dans l’harmonie des contraires.»
La première d’ Hernani, le 25 février à la Comédie-Française,
provoqua la célèbre bataille entre les bourgeois et les jeunes
Romantiques.
Il est pourtant le grand méritede faire triompher un renouveau
du théâtre dans lequel les uns et les autres allaient puiser leur
libérté.
Dumas, Mérimée
Un an avant Hernani, Alexandre Dumsas (1802-1870) avait déja
donné à la Comédie-Française Henri III et sa cour (1829) qui, sans
faire de scandale, avait plu par son mouvement. Dans les manifestes
romantiques, Dumas avait surtout piusé le principe d’un théâtre
historique, servant de toile de fond à des avenrures politiques et
amoureuses.
Il enchaina avec Anthony (1831) et La Tour de Nesle (1832),
incontestables réussites du genre, même si la vérité historique s’y
trouvait quelque peu bousculée.
Dumas pat la suite se consacra essentiellement à ses grands
romans-feuilletons, que des miliers de lecteurs suivaient avec passion
dans les journaux en ne se souciant pas plus que l’auteur de
l’exactitude historique: «Qu’est-ce que l’histoire, demandait-il. Un
clou auquel j’accroche mes romans.»
Et rappelons la curieuse tentative de Prosper Mérimée (1803-
1870) qui prétendra un temps n’être que le traducteur des oeuvres
d’une certaine Clara Gazul. Sous la forme d’un «théâtre littéraire»,
publié entre 1825 et 1842, Mérimée s’adonna à un romantisme plus
souriant que dramatique, avec des thèmes pleins de fraîcheur et
d’originalité. S’en détachent L’Occasoin, tendre drame juvénile, et le
brillantissime Carosse du Saint-Sacrement, objet de convoitise de la
courtisane Calila Pérchole dans un Pérou d’opérette.
Musset
Alors qu’Hernani, Antony ou Chatterion triomphaient sur scène,
un jeune dandy au talent prometteur vouyait l’une de ses premières
pièces sifflée à l’Odéon.
Alfred de Musset (1810-1857) fit pendant un certain temps partie
de la jeunesse romantique,dont il incarna les outrances avec élégance
et détachement.
De toute la dramatique française, Musset est en effet le seul
que l’on ait pu comparer au poète anglais, mais son esprit de
fantasie et son badinage en font aussi le premier grand héritier de
Marivaux. Il projeta son âme inquiète et sensible dans ses
personnages.
Musset projeta dans ses personnages ses ambiguités et ses
interrogations qui étaient, avant l’heure, proprement existentielles.
Avec une élégance un peu blessée, et sacs aucune artificialité, il fit
de son théâtre la plus pure émanation de l’esprit du Romantisme.
VI. Le Boulevard du Crime
Au Boulevard du Temple, la Révolution de 1789 eu un effet
déclisif sur les théâtres: en supprimant le royal privilège de la
Comédie-Français, elle autorisait tout à coup les directeurs des
autres salles à montrer de véritable pièces, et ils ne s’en privèrent
pas. Le repertoire du genre se renouvela très vite sous la plume
d’auteurs tels que Louis-Charles Caignier (1762-1842) et de René-
Charles Guilnert de Pixérécourt (1773-1844), surnomés les «Racine et
Corneille de boulevard», avec des pièces romanesques de pure
fantaisie.
Sur le Boulevard du Crime, on ne faisait pas que pleurer. La
parodie, dans laquelle la Comédie-Inalienne était passé maître au
XVIIIe siècle, resta au boulevard de l’un des genres les plus
applaudis. La chute de l’Ancien Régime avait d’autre part propulsé sur
la scène des personnages comme le Roi d’Espagne, le Pape et la Tsarine
de Russie.
Enfin, un genre nouveau, le vaudeville, mélangeant la comédies,
les chansons et les ballets, florissait sur de nouvelles scènes dont
celles du Théâtre du Vaudeville et du Théâtre des Variétés.
VII. Le théâtre Bourgeois
Drames et comédies
Scribe, avec sa prolifique production, avait largement occupé les
scènes du théâtre bourgeois. Il eut un continrateur en la personne de
Victorien Sardou (1831-1908), qui fit montre de son savoir-faire dés 1865
avec un drame bourgeois, La Famille Benoîton, puis avec une comédie de
Goldoni, Maison neuve (1867). Il fur du «sur mesire» pour Sarah Bernhardt
avec Fédora (1882), Théodora (1884), écrivit en 1887 un sombre drame La
Tosca, que Puccini mettra en music.
Durant le Second Empire, Alexandre Dumas fils (1824-1895) poursuivit
la carrière théâtrale de son père. Un drame personnel avait inspiré La Dame
aux camélias (1852), mais c’est avec les comédies de moeurs, La Demi-Monde
(1885), Denise (1885), Francillon (1887), qu’il se démarqua en abordant des